Embaucher un chômeur : suivez le guide
Depuis des années, on accepte la notion établie selon laquelle le recrutement de chercheurs d’emploi passifs (c’est-à-dire des employés qui occupent un emploi et n’en cherchent pas un autre activement) surpasse l’embauche de chômeurs. Dans l’économie actuelle marquée par la redondance, ce concept tient-il toujours la route ?
Pensez-y : le Canada a une population active de 20 millions de personnes, dont plus d’1 million sans emploi. Songez maintenant au prix qu’il en coûte de « piquer » les employés de vos concurrents ou d’autres entreprises.
Il serait peut-être temps d’aller puiser à même ce réservoir de 1,4 million de chercheurs d’emploi avides plutôt que de mettre autant l’accent sur des travailleurs difficiles à obtenir.
Chômeur ou actif, exactement les mêmes risques
Il y a quelques dizaines d’années, lorsque notre économie roulait à plein régime, être sans emploi constituait l’exception. Si vous étiez un adulte en âge de travailler mais sans emploi, il y avait sans doute une bonne raison à cela : incompétence, mauvaise attitude ou paresse, pour ne nommer que celles-ci.
C’est là qu’est née l’idée que le chercheur d’emploi sans travail comportait plus de risque. À titre de cadre recruteur, vous auriez tout fait pour éviter de prendre la « marchandise avariée » d’un autre. Et c’est comme ça qu’est apparue cette tendance à recruter les candidats possédant déjà un emploi.
Les chercheurs d’emploi passifs sont devenus une denrée très recherchée. L’expression a servi à décrire les employés qui occupaient de bons postes et en étaient satisfaits (pour la plupart), mais qu’on pourrait réussir à attirer moyennant quelques incitatifs discrets.
Le simple fait qu’ils n’étaient pas au chômage semblaient les rendre encore plus intéressants.
Pourquoi les sans emploi ont cessé de représenter un risque
Dans le domaine de l’emploi, il a suffi d’une vingtaine d’années de réductions et de perturbations pour changer la donne. La sécurité d’emploi est précaire même chez les meilleurs employeurs.
Il suffit d’une fusion ou de quelques trimestres de revenus en baisse pour que n’importe quel membre du personnel se retrouve à un poil du couperet.
C’est la raison pour laquelle le marché actuel des chercheurs d’emploi regorge de talents, de travailleurs de tous les niveaux qui, sans qu’ils en soient responsables, se retrouvent temporairement en difficulté.
Pendant ce temps, les lieux de travail sont devenus plus concurrentiels. Qui peut affirmer que le prospect qui a un emploi ne l’a pas conservé justement en usant de moyens plus ou moins honnêtes? Prenez garde avant d’embaucher un chercheur d’emploi passif qui a contourné les règles ou s’est compromis dans des jeux politiques tout simplement pour conserver son poste.
Comment réduire le risque en recrutant un chômeur
N’ignorons pas les risques éventuels associés au recrutement d’un chômeur. Certains facteurs peuvent jouer fortement contre lui, par exemple:
- Est-il sans emploi depuis beaucoup plus longtemps qu’un autre travailleur de même niveau?
- Est-il un chômeur en série (sans travail de façon répétitive)?
- A-t-il la fâcheuse manie de démissionner et de laisser son employeur en plan?
- Lorsqu’il perd son emploi, est-ce pour un « motif valable » ou la décision est-elle simplement attribuable à un changement structurel (par exemple, la conjoncture, une fusion, l’élimination du poste)?
Si une personne est sans emploi pendant une longue période de temps, veillez à lui demander si elle pris les dispositions voulues pour garder à jour ses aptitudes et ses connaissances.
Si cela fait plusieurs fois que la personne perd son emploi, passez les références au peigne fin pour voir s’il ne se dégage pas une tendance négative quelconque.
Quant à la démission, il faut une solide raison pour y recourir. Et le congédiement pour motif valable nécessite que vous prêtiez particulièrement attention à ce qui s’est vraiment passé.
Pourquoi devriez-vous recruter un chômeur
Mis à part certains inconvénients potentiels, le recrutement d’un sans emploi peut profiter à toutes les parties. Supposons que vous ayez deux candidats de même valeur. Il est possible que si l’un des deux est sans emploi et affiche d’excellents antécédents, il soit beaucoup plus affamé que celui qui travaille déjà.
Cela pourrait se traduire par un degré supérieur de reconnaissance et de fidélité. Les postulants sans emploi seront peut-être davantage disposés à accepter des tâches additionelles et des heures plus longues à un salaire inférieur.
Si leur but est de rebâtir leurs antécédents professionnels, ils pourraient être davantage enclins à rester chez vous plus longtemps et à faire preuve d’une plus grande collaboration.
Si c’est le risque qui vous inquiète, dites-vous bien que le chercheur d’emploi passif a peut-être déjà été sans emploi lui aussi. Cela en fait-il pour autant un candidat moins fiable? Vous, par exemple, n’avez-vous jamais reçu un avis de congédiement que vous ne méritiez pas?
Oublions le mythe voulant que les candidats occupant déjà un poste vous offrent un maximum d’assurance. Dans un contexte économique où même les meilleurs peuvent devoir recourir à l’assurance-emploi du jour au lendemain, ne vous arrêtez pas simplement à la situation actuelle d’un candidat, mais prêtez davantage attention à la qualité et à la valeur potentielle qu’il recèle.