La perception que les femmes ont d’elles-mêmes au travail
La bonne nouvelle, c’est qu’il s’est produit un changement spectaculaire dans la façon dont les femmes perçoivent leurs rôles au travail. Dans une étude de 2010 réalisée par N. Scott Taylor, de l’Université du Nouveau-Mexique, et présentée à l’Academy of Management, il a été établi que les femmes ont beaucoup évolué dans la façon dont elles se perçoivent sur le plan organisationnel par rapport à la génération précédente. En analysant des rétroactions multisources, Taylor a appris que les femmes gestionnaires à qui on avait demandé d’évaluer leurs propres qualités de leadership se sont classées à égalité avec les hommes.
Qu’est-ce que la rétroaction multisources ?
La rétroaction multisources est un outil auquel ont recours les entreprises pour aider les gens à comprendre comment on les perçoit. Le rendement est évalué par l’employé même, par ses collègues, par ses subordonnés et par ses supérieurs hiérarchiques.
Ce type de rétroaction offre une perspective globale de la personne et permet d’établir les lacunes ou les éléments de croissance.
Comment le femmes jaugent-elles leur travail ?
Il y a trente ans, les femmes au travail n’avaient souvent pas la confiance voulue pour se considérer comme étant les égales des hommes; ce changement constitue donc indéniablement un pas dans la bonne direction.
Toutefois, la constatation troublante de cette étude est que les femmes auxquelles on a demandé de prédire comment les autres les évalueraient se sont attribué des évaluations bien inférieures à celles obtenues réellement.
D’autre part, les hommes ont prédit avec une grande précision comment ils seraient évalués par les autres. Autrement dit, les femmes ne pensent pas que d’autres personnes puissent estimer qu’elles font un aussi bon travail que ce qu’elles savent qu’elles font.
Cette incongruité n’existe tout simplement pas chez les hommes. Ils ont suffisamment confiance en eux pour croire que les gens pensent qu’ils font du bon travail. Bien que l’écart était moins important chez les jeunes femmes prédisant leurs évaluations, les femmes gestionnaires de 50 ans et plus ont prédit des évaluations trois fois inférieures à celles des hommes.
Les écarts entre les sexes toujours d’actualité au travail
Ce ne serait rendre service à personne que de nier les écarts entre les sexes au travail. Hommes et femmes sont différents. Nous pensons différemment, nous communiquons différemment et nous affichons des comportements différents. Et il n’y a rien de mal à convenir de cet état de chose si nous l’utilisons à notre avantage ou le gardons présent à l’esprit.
Le principal obstacle que doivent surmonter les femmes, relativement à la problématique homme-femme, réside dans le besoin de recevoir une rétroaction positive pour être convaincue qu’elles font du bon travail.
Les femmes au travail, davantage en quête de validation
Les femmes ont beaucoup de difficulté à admettre que si personne ne formule le moindre commentaire, cela indique habituellement qu’elles font du bon travail. Contrairement aux hommes, les femmes attendent ce signal d’approbation pour se conforter face à leur rendement, tandis que les hommes n’ont besoin d’aucune validation externe.
Dans leur article intitulé He Said, She Said (Il a dit, elle a dit), Beth Banks Cohn et Roz Usheroff écrivent ce qui suit :
« Comme les hommes ne sollicitent aucune rétroaction, bonne ou mauvaise, ils n’en offrent pas non plus en retour. Les hommes ne veulent pas être critiqués, estiment que les compliments les rendent moins efficaces et pensent que les femmes qui recherchent la rétroaction « ont besoin d’attention » et « d’un grand soutien ».
De différence à mésentente femmes – hommes
Ceci amène les femmes à penser que « les hommes n’estiment pas leurs contributions à leur juste valeur et sont trop sévères à leur endroit. Elles en viennent même à croire que les hommes s’abstiennent de leur faire des commentaires positifs afin de ne pas avoir à leur offrir de promotions ou à leurs confier des projets intéressants. »
C’est cet écart courant entre les sexes qui repose au cœur de cette mésinterprétation qu’ont les femmes de la façon dont elles sont perçues au travail. Les auteures suggèrent qu’il est nécessaire de trouver un « terrain d’entente » en vertu duquel les femmes obtiennent ce qu’il leur faut pour se sentir encouragées, mais que cela se fait d’une façon qui soit acceptable pour les hommes de l’entreprise.
Que devrait faire l’entreprise ?
Dans son étude, les conclusions de Taylor l’amènent à suggérer que la prédiction devienne un élément essentiel de la rétroaction multisources.
Les entreprises doivent faire plus pour combler cet écart de prise de conscience. Pour qu’une équipe d’employés se développe de manière appropriée, les membres de cette équipe doivent savoir comment ils sont perçus et évalués de manière générale et non pas exceptionnelle.
Et si les différences entre les sexes font que différents types de rétroaction sont nécessaires, alors le fonctionnement organisationnel optimal exigerait que chaque membre de votre équipe reçoive ce dont il a besoin.
1. Des formations et sensibilisations aux différences entre les sexes
Ce type de formation peut s’avérer très utile. Si hommes et femmes sont en fait différents les uns des autres, faites appel à une personne comme Roz Usheroff, de l’Usheroff Institute, pour former les membres de votre entreprise sur la sensibilisation aux différences entre les sexes.
Enseigner aux gens la façon d’obtenir ce qu’il y a de mieux de leurs collègues ne constitue jamais une perte de temps ni d’argent.
2. Des programmes de mentorat pour femmes
Créez des programmes de mentorat dans le cadre desquels des femmes accomplies prennent sous leurs ailes des collègues moins expérimentées. Le fait d’avoir l’aide de quelqu’un pour grimper les échelons, et qui, en plus, défend votre cause, réduira le nombre d’écarts de prédictions.
3. L’encadrement
La création d’un programme d’encadrement grâce auquel les femmes s’évertuent à établir la valeur intrinsèque de leur travail permettra à celles-ci de ne plus ressentir le besoin d’une approbation externe.
Ou encore, le recours à des formateurs pour aider les hommes de votre entreprise à comprendre comment fournir à leurs collègues féminines la rétroaction dont elles ont besoin pour exceller favorisa des conditions gagnantes pour tous.
Il est important de faire prendre conscience à vos employés de la façon dont les autres les évaluent. N’attendez pas l’évaluation de rendement pour dire à vos collègues qu’ils font du bon travail. Donnez-leur quelques mots d’encouragement en cours de route.
Bien que les femmes aient fait des pas de géant en milieu de travail, il est évident que la parité hommes-femmes n’a pas encore été atteinte. Mettons donc l’accent sur les points positifs et continuons dans la même veine!