Tendences des salaires et des avantages sociaux au canada en 2010

Par Mark Swartz
Spécialiste du marché du travail canadien

La rémunération a constitué un élément de réflexion clé en 2009 pour les employeurs, les réductions de coûts prenant le pas sur le reste, dans la foulée du ralentissement économique. Le gel des salaires et des activités de recrutement ont été monnaie courante.

« Il va de soi que la récession a influé profondément sur les augmentations de salaire en 2009 », affirme Jeff Vathje, chef national de la rémunération chez Hewitt Associate, à Calgary. Il y a un an, les entreprises canadiennes prévoyaient des hausses de 3,8 % à l’échelle nationale. Cependant, la hausse moyenne n’a pas dépassé 2,3 % l’an dernier.

Pour 2010, des hausses de salaire conditionnelles

À mesure que s’estompe la récession économique, les perspectives pour la nouvelle année sont favorables. « Les commentaires des employeurs canadiens font état d’un optimisme prudent relativement aux augmentations de salaire en 2010 et à l’économie en générale, explique Vathje, en commentant les résultats de l’étude annuelle de Hewitt sur les salaires. La moitié des répondants ont indiqué qu’ils ont réduit leurs budgets de hausses salariales en 2009 en raison de la conjoncture, mais qu’ils les redresseront au cours de la prochaine année grâce à des perspectives plus favorables. »

L’étude sur les salaires en 2009 d’Aon Consulting Canada révèle que les employeurs seront conservateurs en 2010 pour ce qui est de la rémunération. Les entreprises entendent relever leurs structures salariales d’un modeste 2 % et sont favorables à une augmentation moyenne de 2,5 % des salaires de base. « Pour les employeurs, explique Scott Bunker, vice-président principal, Capital humain, l’écart de 0,5 % entre le redressement de la structure et les augmentations réelles prévues offre une très faible marge de manœuvre. Les employeurs disposent de cette marge pour récompenser et muter les employés; ils devront prendre des décisions difficiles s’ils souhaitent récompenser leurs meilleurs éléments en leur accordant des hausses attrayantes. »

Moins de gels

En 2009, 35 à 40 % des employeurs canadiens ont gelé leurs salaires, révèle l’étude de Morneau Sobeco sur les tendances et projections en matière de rémunération pour 2010. Un nombre moins élevé d’employeurs prévoient des gels de salaires en 2010 (10 à 15 %, selon la catégorie d’emploi). Les employeurs prévoient plutôt de revoir leurs structures salariales, systèmes d’évaluation des postes et programmes de primes, dans le but de mieux contrôler les coûts associés à la rémunération.

Richard Béliveau, associé chez Morneau Sobeco, a indiqué qu’en 2010, les inquiétudes soulevées par les coûts de main-d’œuvre augmenteront considérablement, passant de 23 % en 2009 à 34 % en 2010. Les RH seront moins touchées par les problèmes classiques de recrutement/conservation des effectifs et davantage par le contrôle des coûts.

Baisses de salaire pour certains

Cette année, au Canada, les salaires de base dans les domaines de la comptabilité et de la finance, de la technologie de l’information (TI) et de l’administration devraient demeurer relativement au même point ou se replier modérément, selon le Guide des salaires de 2010 de Robert Half International.

« Les entreprises continueront de scruter leurs dépenses à la loupe dans la prochaine année et il est évident que cette tendance influe également sur les salaires de base », explique Kathryn Bolt, présidente de la division canadienne de Robert Half International. En fait, pour les postes en comptabilité et en finance, on s’attend à une baisse moyenne de 0,4 % des salaires pour les douze prochains mois.

L’étude Robert Half conclut également que les salaires de base à l’échelle nationale pour les postes en TI devraient relativement stagner, avec une augmentation moyenne de l’ordre de 0,2 % en 2010. Les salaires de base des professionnels en administration devraient diminuer de 2,2 % en moyenne; toutefois, on note une demande constante de candidats en administration très qualifiés et ouverts au multitâche.

Et les avantages sociaux?

Le salaire constitue le principal élément de la rémunération, mais les avantages sociaux peuvent représenter jusqu’à 40 % du total. Voici quelques données sur ce secteur.

Assurance médicale et incapacité

Bien que les coûts de la santé demeureront un sujet de préoccupation de taille pour les employeurs, les coûts se sont stabilisés au cours des cinq dernières années, avec une hausse annuelle de 12,6 % de 1998 à 2002 et de 7,8 % de 2003 à 2008, explique Joy Sloane, associée chez Morneau Sobeco. Pour 2010, Sloane prévoit une augmentation d’environ 8 %.

La gestion de l’incapacité jouera encore un rôle important auprès des employeurs en 2010. Selon des études publiées sur les coûts de l’incapacité, ceux-ci représentent habituellement quelque 15 % de la feuille de paye d’une entreprise.

Sloane précise que les employeurs devront insister pour que leurs employés soient « en santé au travail ». Ils devront utiliser un modèle de santé intégré, qui comprendra un régime de prestations pour les employés, un programme de gestion de l’absentéisme, un programme d’aide aux employés et des régimes de santé et de mieux-être.

Régimes de retraite

Bien que les régimes de retraite à prestations déterminées (PD) éprouvent toujours des problèmes de solvabilité, l’étude indique que l’intérêt à les convertir dans un autre régime est très limité, affirme Peter Gorham, associé chez Morneau Sobeco. « Seulement 5 % des répondants [de notre étude annuelle] ont indiqué qu’ils envisageaient une telle conversion. »

Parmi les principaux problèmes liés aux régimes de retraite en 2010, notons le rendement des placements, suivi de près par le coût. Les régimes PD tiendront également compte de la gestion du risque, des mesures d’aide financière temporaires et de l’adoption des nouveaux principes comptables internationaux. Les régimes d’accumulation du capital mettront l’accent sur les fonds viagers, les fonds garantis, les honoraires et la communication avec les membres.

Gérer les attentes

« La bonne nouvelle, c’est que 61 % des entreprises ayant participé à notre étude ont discuté des répercussions de la récession sur les salaires avec les employés, a déclaré Leslie Dutton, conseiller principal en communication chez Hewitt, à Toronto. La dernière chose à faire lorsque les temps sont difficiles, c’est de réduire ou de couper les communications. Les employés ont ardemment besoin d’informations, en particulier de la part des dirigeants, afin d’avoir une idée de ce qui se passe et de comprendre la position adoptée par l’entreprise pour réussir, ce qu’ils doivent faire pour contribuer au succès de l’entreprise et ce que cela leur rapportera en bout de ligne. »

Il est important de faire connaître vos intentions à vos employés pour ce qui est des salaires et des avantages sociaux en 2010. Soyez parfaitement honnête, que vous planifiez des hausses, un gel ou même des baisses. Si les attentes ne sont pas traitées avec doigté, les entreprises courent alors le risque de perdre les employés qu’ils souhaitent conserver, conclut Dutton.