L’intimidation au travail, AKA bullying : de quoi s’agit-il et comment réagir en tant qu’employeur ?
Maintenant que vous êtes devenu un adulte, vous pensez bien que ces vieilles histoires de cour d’école appartiennent au passé ? Et bien, pas si vous avez un adepte de l’intimidation dans vos rangs, AKA de bullying.
Tout comme dans la cour d’école, un fier-à-bras peut semer la terreur au travail. Il peut faire trembler même les meilleurs et les plus brillants de ses collègues. Comme employeur, vous avez le devoir de protéger vos employés des effets nocifs d’un comportement belliqueux.
Bullying au travail : de quoi s’agit-il ?
Dans un milieu de travail, le tyran ne connaît qu’une chose : l’intimidation, ou bullying. Il cible souvent les personnes qu’il croit vulnérables et sans défense. Dans plus de 70 % des cas d’intimidation, la brute est un « plus haut gradé » qui exerce son pouvoir sur un employé subalterne.
Il tire son plaisir à humilier les autres. Il peut critiquer injustement un employé en présence de collègues. Ou crier à un employé d’une manière qui lui enlève toute dignité.
Surcharger l’employé ciblé, l’isoler, accroître ses responsabilités tout en diminuant son autorité, voilà plusieurs des tactiques favorites du tyran au travail.
Les effets néfastes de l’intimidation au travail
L’intimidation au travail est une forme de violence psychologique. L’employé visé se sent d’abord diminué et sans moyen, surtout si l’employeur n’a pas mis en œuvre de politiques efficaces pour composer avec ces situations.
La frustration et l’anxiété augmentent chez l’employé visé. Il refoule sa rage. Ou encore, il perd confiance en ses moyens et commence à éviter le lieu de travail de toutes les façons possibles.
L’intimidation au travail cause du stress, lequel peut rendre malade. Parmi les symptômes possibles : maux de tête, nausées et perte de sommeil. Vous devenez peu à peu incapable de vous concentrer ou de bien faire votre travail.
Dans les cas plus graves d’intimidation, l’employé visé a parfois besoin de prendre un congé d’invalidité à court ou à long terme. (18 % des cas d’invalidité de courte durée au Canada sont attribuables à l’intimidation; la durée moyenne du congé est de 159 jours).
Il n’y a pas que l’employé visé qui soit touché. Tout le milieu de travail peut en souffrir. Une non-intervention de votre part peut donner lieu à ce qui suit : hausse de l’absentéisme, baisse du moral et de la productivité, risque accru d’accidents, augmentation des coûts d’utilisation des programmes d’aide aux employés et plus grand roulement du personnel.
Pourquoi l’employeur tarde-t-il parfois à s’attaquer à l’intimidation au travail ?
Bien des tyrans ont grimpé les échelons d’une entreprise en se comportant comme des chiens enragés. Ils traitent leurs employés à la dure et peuvent connaître beaucoup de succès grâce à leur agressivité.
Comme nous avons tendance à récompenser ceux qui produisent des résultats, on y pense à deux fois avant de freiner les ardeurs du fier-à-bras (et d’ainsi risquer de perdre un employé très productif).
Et ça peut être plus difficile si c’est vous qui avez recruté la brute. Non seulement risquez-vous de couper les ailes de votre employé le plus assidu (à savoir la brute), mais ça revient à admettre votre erreur de jugement lors du recrutement.
Et pour ajouter à la culpabilité et à la honte, il y a l’embarras de n’être pas intervenu plus tôt. En général, beaucoup de dommages auront été causés à vos employés avant que vous ne vous attaquiez au problème. Il est difficile d’admettre que vous avez laissé pourrir la situation et causer ainsi autant de souffrances inutiles à de bons employés.
La mauvaise façon de régler le problème
Une fois qu’un employeur décide que ça suffit, la réaction première consiste souvent à essayer de « réparer » l’auteur de l’intimidation : ateliers sur la maîtrise de la colère, désignation d’un conseiller, formation sur la sensibilité.
Aucune de ces solutions n’est vraiment efficace car il est très difficile de modifier la personnalité ou les modèles de comportement d’une personne. Même si vous parvenez à freiner temporairement les ardeurs du tyran, il y aura sûrement certains de ses protégés qui auront appris du maître comment manipuler en dominant.
La bonne façon de mettre un terme à l’intimidation au travail
Selon le dr Gary Namie, spécialiste de l’intimidation au travail du Workplace Bullying Institute, la meilleure façon d’intervenir est de changer les règles.
C’est la culture et les règles de votre entreprise qui permettent à l’intimidation de proliférer. Il convient donc de « créer et d’appliquer un code de conduite qui précise que tout comportement visant à intimider sera rigoureusement interdit ».
Vous pouvez commencer en élaborant des politiques contre l’intimidation, qui décriront explicitement les comportements qui ne seront pas tolérés. Ou encore, vous pouvez adopter une approche plus générale en décrivant la nature de l’intimidation et en précisant qu’elle ne sera plus tolérée.
Établissez un mécanisme de dénonciation confidentiel qui permette aux employés touchés de faire part de leurs préoccupations sans risque de représailles.
Éloignez l’employé touché de l’influence de la brute. Par exemple, vous pourriez le muter à un autre service pendant quelque temps ou lui accorder un congé payé, au besoin, le temps de régler le problème.
Quant au fier-à-bras, vous pourriez lui confier un rôle dans lequel il n’aurait plus de subalternes. Le dr Namie suggère l’établissement d’une politique prévoyant le congédiement en cas de récidives. Il faut du temps pour changer un comportement.
Mais si la brute continue de semer la terreur, vous pouvez prendre des mesures disciplinaires à son endroit, le rétrograder ou le congédier.
Protégez vos employés vulnérables
L’intimidation au travail est d’abord et avant tout un problème de sécurité. Vous devez fournir à vos employés des conditions de travail saines et sûres. Vous ne respectez pas cette obligation si vous permettez qu’ils soient harcelés et brutalisés par un tyran.
Plusieurs États américains s’apprêtent à adopter des lois anti-intimidation en milieu du travail. Le Québec a déjà adopté une loi contre le « harcèlement psychologique » au travail.
C’est un problème sérieux et il ne faut pas qu’il sème la désolation au sein de votre personnel. Reconnaissez d’abord le problème et appliquez quelques normes de comportement toutes simples. N’est-il pas temps de vous dresser devant la brute et de rendre le milieu de travail plus sûr?
(Note : Pour plus de renseignements sur le sujet, allez sur le site du Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail.)